« Toi que sais-tu ?
Je ne puis dire
puisque
l’ellipse d’un sourire
a plus de sens
que ma raison. »
Lors du séjour dans la Drôme avec Odile, amie et collègue de L’Imprudence, nous sommes passés chez Maud Leroy, des Editions des Lisières (j’en ai ramené plein de merveilles disséminées depuis lors dans la grotte livresque des Chavannes). Pendant qu’elle terminait de nous concocter un délicieux petit repas de midi, je zyeutais avec curiosité ses étagères poétiques. J’ai alors griffonné dans mon carnet ces mots de Jacques Ellul, auxquels j’ai repensé, à Neuchâtel, alors que je picorais des haïkus dans « Le soleil en miettes », de Jean Ferron. Tout comme ma grand-maman, ce façonneur de haïkus à sa façon souhaitait être disséminé sous un chêne.
Un énorme peuplier-tremble voisine celui élu par la Cri-Cri. J’avais leurs deux envergures en tête, quand je suis allé enregistrer ma première chronique saltimbouquiniste. La matinée avait commencé par un excellent jus de gingembre au Châtelet, le café attenant au château de Grandson. C’était là que Delphine passerait me prendre. J’y voyais, donnant l’impression de sauter par-dessus une partie de la forteresse pour s’envoler, des magnolias à l’aube de n’être plus bourgeons. Je relisais quelques passages de l’important « Novembre », de Jean Prod’hom, dégoté dans la cabine à livres de la gare du bourg. Une trouvaille qui avait la saveur d’une revigorante étreinte amie.
Puis nous nous sommes mis en route, papotant de choses et d’autres avec vue brumeuse sur le jura. Une petite demi-heure plus tard, nous étions dans les studios de la RTS. Comme nous avions un peu de temps, qu’elle fait volontiers la guide à l’interne quand cela se présente, madame m’a fait visiter les lieux.
De la Première à Couleur 3, avec crochet par Option musique (que ma grand-maman écoutait si souvent) et par la seule pièce encore complètement « dans son jus » : elle abrite un documentaliste faisant partie des meubles. Contre les murs des différents espaces des différents étages, entre autres, une photo de Lhasa à l’occasion de son passage à Radio Paradiso et un tableau de Géa Augsburg avec nombre des figures ayant fait la littérature romande de la première moitié du XXème siècle. Très ému j’étais.
Il s’est agi ensuite d’aller retrouver « le réal », fort sympathique, qui nous attendait pour prise de son et montage. Le feu vert m’a été donné à deux reprises, avec petites indications techniques dans l’intervalle. Je retrouvais ce que j’avais constaté à Vostok : bouche rapidement sèche et efforts qu’il me faut faire pour ne pas lire trop vite. Dans l’ensemble c’est allé.
Cette première était un peu une note d’intention générale, plus écrite donc que mes prochaines interventions, plus disparate également. Je vais resserrer dans les suivantes, notamment pour ce qui concerne les références. Je me réjouis également des chroniques en direct, qui seront forcément plus « vivantes » et plus en interaction avec Delphine, à qui je dois cette opportunité immense. J’espère que vous prendrez plaisir à m’écouter de temps à autre, que vous me ferez quelques retours ; c’est aussi grâce à eux que je pourrai réajuster ou confirmer certaines tendances, voire qui sait rebondir très directement.